Guy
Fréquelin


Une petite puis de très grandes écuries.

Simple aide familial dans une exploitation agricole à ses débuts dans la vie active, il devient le "grand boss" de l'une des plus importantes écuries de compétition automobile, après avoir été l'un des meilleurs pilotes mondiaux de rallye ! Un véritable conte de fée, où les "carrosses" ne sont pas des citrouilles transformées par un coup de baguette magique mais ont des moteurs qui rugissent...
A 14 ans, Guy Fréquelin doit quitter l'école et commencer à travailler à la ferme familiale de Hûmes : ses parents ne peuvent payer les études de deux garçons et c'est son frère aîné, Gérard, qui échappe au rôle d'aide familial. Mais l'adolescent qui trait les vaches, pioche les betteraves, rentre le foin et se consacre aux tâches habituelles pour une exploitation agricole manifeste depuis longtemps déjà un goût prononcé pour la mécanique. A 4 ans, il passe les vitesses de la Peugeot 302 dès que son père, Roger, débraye - sans jamais se tromper ; à 8 ans, il conduit seul la 4 cv Renault qui a remplacé l'antique voiture et, à 12 ans, prend le volant du vieux camion Hotchkiss utilisé pour le ramassage des bestiaux que le chef d'exploitation achète.
A 18 ans, Guy Fréquelin est émancipé à la demande de son père pour pouvoir reprendre une ferme dans les faubourgs de Langres mais il ne va pas rester dans cette voie. Traire les vaches matin et soir, sans jamais pouvoir prendre un seul jour de congé, lui apparaît très vite insupportable et, après avoir réussi son examen de moniteur d'auto-école, il va mener de front les deux activités pour laisser à son père le temps de s'organiser.Les journées de travail de Guy Fréquelin durent alors 15 ou 18 heures et, à ses deux professions s'ajoute encore la course automobile à laquelle il n'a pu résister. C'est Jean-Claude Marcoup, le patron de l'Auto-école langroise Pierre où il est employé, qui donne le coup de pouce nécessaire.

D'abord confiné dans le rôle de co-pilote de Jean-Claude Marcoup qui s'aligne au départ de quelques rallyes, Guy Fréquelin est invité par celui-ci à prendre le volant. Et il va enchaîner les succès, mais tout de même connaître des débuts difficiles. Le sport automobile coûte en effet très cher à pratiquer mais l'espoir haut-marnais a par bonheur une épouse, Chantal, originaire de Rolampont, très compréhensive. Elle est longtemps seule à "faire bouillir la marmite" avec son salaire et supporte même de vivre dans un appartement où, dépenses automobiles obligent, les chaises sont remplacées... par des pneus.

Guy Fréquelin commence à remporter des victoires, avec des voitures de série alors que ses adversaires partent avec des vrais bolides. Il gagne d'abord un tour de Haute-Marne avec une R 16 qui lui a été prêtée et un second avec une Simca 1200 S ! Puis, équipé d'engins enfin performants, le pilote langrois va pouvoir donner la pleine mesure de son talent : dès 1968, il est en effet champion de France des circuits dans son groupe, avec une R 8 Gordini ; et l'année suivante, il se classe second du très relevé "Volant Shell" sur le fameux circuit de Zolder.
Pour Guy Fréquelin, 1970 marque un tournant : le concessionnaire Renault de Chaumont lui confie la représentation de la marque sur le secteur de Langres et là aussi il se révèle. En 2 ans, celui qui devient un excellent commercial fait passer le taux de pénétration de la firme de 22 à 36 %, donc au dessus de la moyenne nationale. Et, en parallèle, il se lance dans les courses de côte, en devenant une véritable terreur de la spécialité. Guy Fréquelin remporte quasi systématiquement les épreuves dans sa catégorie et même souvent le classement scratch, en battant des pilotes équipés de voitures intrinséquement plus rapides que la sienne.
Nouveau tournant en 1972 : il décide d'abandonner la vente pour se consacrer entièrement à la course automobile, bien soutenu par quelques Haut-Marnais : le garagiste de Hûmes Bibi Briet, le regretté restaurateur de Montigny-le-Roi Henri Maillot, le garage Henry de Chalindrey, le président de l'A.S.A-52 Raymond Voillemin et toujours Jean-Claude Marcoup. Et ces quelques sponsors donnent le coup d'envoi à une formidable carrière, où les victoires vont s'additionner...
Champion de France de la montagne dès 1972, puis encore trois ans plus tard, saison où il remporte aussi un titre national en rallye, Guy Fréquelin va alors se voir confier un "volant d'usine" l'année suivante. Celui qui a quitté peu de temps auparavant les écuries de la ferme familiale entre dans une très grande écurie, Renault, et il en connaîtra bien d'autres : Opel, Talbot, Peugeot...

Plusieurs fois champion de France et vice-champion du monde des rallyes ainsi que champion national de la montagne, Guy Fréquelin (qui à la fin de sa carrière totalise autant de victoires que l'année ne compte de jours) participe aux courses les plus prestigieuses : au célèbre Rallye de Monte-Carlo (où il se classe 1er de son groupe et 3ème au scratch), au très difficile Paris-Dakar (avec une place de 4ème) et à deux reprises aux mythiques 24 heures du Mans (4ème à chaque fois).
Lors de ces grandes épreuves, Guy Fréquelin qui a côtoyé les meilleurs pilotes mondiaux a pour coéquipiers deux "monuments" du sport automobile : Jean Ragnotti et Jean Todt. Et c'est ce dernier, l'homme auquel l'écurie Ferrari doit sa résurrection en Formule 1, qui va permettre au Haut-Marnais de montrer qu'il n'est pas seulement un pilote de talent mais aussi un "meneur".
C'est en effet Jean Todt qui fait obtenir à Guy Fréquelin, en 1989, le poste de directeur de Citroën-Sports, une écurie un peu en sommeil qui ne compte de 35 collaborateurs et que l'ex-aide familial de Hûmes va hisser au rang de grand de la course automobile. En 2002, Citroën-Sports, c'est en effet 210 personnes et des victoires à n'en plus finir, partout dans le monde, en rallyes - tout terrain et sur route !
Guy Fréquelin, qui définit la politique sportive et la stratégie du groupe, gère le budget et les équipes, participe à toutes les réunions avec les instances nationales et internationales, anime les équipes d'ingénieurs et de techniciens qui élaborent le matériel, choisit également les pilotes. Et celui qui a commencé par de petits rallyes en Haute-Marne a donné ou donne aujourd'hui des volants aux plus grands : Ickx, Vatanen, Berglund, Waldegard, Lartigue, Bugalski, Loeb, etc.
Mais même s'il court le monde en côtoyant à longueur de journées des célébrités et a obtenu des brevets de pilote d'avion et d'hélicoptère, Guy Fréquelin reste très attaché à "sa" Haute-Marne, à ses forêts et à ses belles pierres. Ne consacre t-il pas l'essentiel de ses rares loisirs à la chasse dans le massif d'Arc-en-Barrois et n'a t-il pas acheté l'ancienne école des Chavannes à Langres pour la rénover.